Pauline

J’ai travaillé avec l’association Ayni pendant les mois de juin et juillet 2005, une période qui constitua pour moi une aventure humaine incroyablement enrichissante. J’aimais m’appuyer sur le concept de l’ayni, la réciprocité ; une notion fondamentale dans les structures communautaires andines. L’échange culturel se voulait au coeur d’un projet avec les enfants de Sucre, qui m’apporta aussi une connaissance plus approfondie, plus complexe de la situation de ces nombreux jeunes, souvent déracinés entre monde rural et monde urbain où ils se devaient de travailler pour aider financièrement la famille. Leurs aspirations, leurs envies, furent les points d’orgue des ateliers que nous organisâmes alors, avec mon ami argentin Vayu.

Boulangerie (que de petites galettes de sésame dégustées dans la bibliothèque d’Urkupiña, où l’on venait de remettre collectivement en marche le four communal) ; sensibilisation à la quena, échanges de pensées sur des photos prises lors de l’Inti Raymi (jour de l’an Aymara)...Nous visitâmes tous ensemble le musée ethnographique Asur, riche en enseignements sur la culture tarabuqueña, les textiles de la région autour de Sucre. Ce fût aussi l’occasion de compléter notre sortie à Candelaria, organisée avec Jorge et Mario, les bibliothécaires ; où nous partageâmes quelques jours en compagnie de Santusa, une tisseuse qui nous mistdans le secret de son art ancestral.

D’expériences en expériences , nous sautâmes à pieds joints avec ces jeunes curieux en quête d’apprentissages nouveaux... Et combien de surprises me firent-ils partager, quelle grande claque salvatrice d’humilité n’ai-je pas reçu de tous ceux qui m’aidèrent à ouvrir les yeux sur une situation bien plus complexe, mais aussi bien plus optimiste que celle envisagée avant de partir... Ces deux mois au sein d’Ayni m’enseignèrent les bases d’une éducation populaire, sachant que tout un chacun a énormément à apporter, si l’on considère que la culture n’est pas une transmission de savoir descendante, mais bien plus multidirectionnelle, et cela à n’importe quelle étape de notre vie....