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Marie et 10 mois en Bolivie
jeudi 13 janvier 2005
Je suis en Bolivie, à Sucre, depuis le 8 septembre 2003. Je rentre bientôt, le 30 juin... Je suis volontaire au sein d’une association, AYNI.
J’ai voulu partir un an après mon bac dès la troisième, suite à un voyage en Espagne avec le collège. J’avais adoré l’ambiance, les odeurs et les couleurs... Ma maman m’avait fait remarquer que l’idée n’était pas mauvaise, que je pouvais partir au pair... Tout cela m’emballait, mais il fallait d’abord avoir mon bac.
Au fil des années lycée,j’ai mûri le projet en l’orientant vers l’Amérique latine qui était plus loin et me ferait découvrir vraiment autre chose... une autre culture... A côté de l’Amérique latine, la langue espagnole, il y avait cet aspect humanitaire qui m’attirait énormément. J’ai donc cherché une association qui accepte une aide, un coup de main... et j’ai fini par trouver AYNI.
J’aide des bibliothécaires et propose d’autres activités, manuelles, jeux, sorties... en travaillant avec les enfants et avec leurs propositions. Les différences culturelles sont nombreuses, mais ce n’est pas évident de les expliquer. Je pense qu’il faut avoir beaucoup de recul pour pouvoir bien les définir... mais je peux en donner quelques unes...
C’est marrant comme j’ai pu rechercher à me créer un univers car quand je suis arrivée dans ce pays si différent... j’étais perdue, vraiment. Ça m’a surprise d’ailleurs, ça faisait tellement de temps que je voulais y être !!! Je ne comprenais pas et je ne me voyais pas rester 10 mois ici...
Ceci étant, je me suis habituée petit à petit et en un mois, je m’étais adaptée suffidamment pour être bien dans ma peau et dans le pays... Il y a un moment donné où je ne me rends plus compte de se qui se fait ici et pas en France... par exemple, tout se marchande, tout, tout, tout... et on peut vraiment faire baisser les prix d’une manière incroyable, et quand on vit ici, on est pareil, on marchande, on fait baisser les prix... c’est normal...
AYNI, ça veut dire " hoy por mi, mañana por ti" en quechua, un des dialectes de lá-bas. C’est-à-dire en français, "aujourd’hui pour moi, demain pour toi". AYNI est une toute petite association créée il y a environ quatre ans*, qui travaille sur deux axes, l’éducation à la santé et l’éducation populaire à travers des bibliothèques créées dans les quartiers plus défavorisés de Sucre. Ces dernières permettent aux jeunes d’accéder à une culture et aux livres en régle générale, plus facilement. Les bibliothèques favorisent aussi l’échange et des conditions de travail parfois plus favorables que dans les foyers des enfants. D’autres activités sont proposées au sein de ces structures, et permettent un élargissement des visions du monde... Je participais à tout cela, principalement sur les bibliothèques, à fréquence régulière, et faisais du soutien scolaire, des activités manuelles.
Voilà cinq mois déjà que je suis rentrée, et tout cela est passé bien vite. C’est toujours difficile de parler de la Bolivie et de faire passer ce que j’ai vécu là-bas le mieux possible...
Arriver dans un autre pays à 19 ans, c’est accepter de se remettre en cause, "se prendre une claque"... C’est découvrir plein de personnes, de façons de vivre, se déraciner pour comprendre un peu comment ça se passe ailleurs, et apprendre à se découvrir à travers de cette perte de repères... Je pense que le voyage élargit le regard sur les choses de la vie. Je découvre encore ce que ce voyage m’a apporté, mais je ne sais pas encore tout ce qu’il m’a apporté.
La Bolivie m’a prise par surprise... Je ne croyais pas, en voyant ces paysages dépouillés de vie, d’une nature hostile, découvrir tant de chaleur humaine, de spontanéité, de merveilles naturelles, mais aussi de déceptions, d’hypocrisies parfois, d’illusions... Je me suis réveillée... car même si j’étais ailleurs, il y a des choses super partout, et des choses horribles partout... mais c’est partout différent.
Le temps est le même partout (d’accord, il y a les décalages horaires), mais il s’écoule différemment là-bas. On prend le temps de faire les choses, on ne s’affole pas pour rien. Les gens vivent au présent, je crois que c’est la seule fois de ma vie, jusqu’alors où j’ai pu vivre au présent comme ça.
Le fait d’être loin de ses proches pendant tant de temps, c’est très intense. Tu es tout seul avec soi-même... Bien sûr, tu trouves des repères, tu en as besoin, mais tu es seul malgré tout... Comme dans toute ta vie finalement. Mais là, il faut se débrouiller sans sa famille, ni les amis. C’est dur souvent. Mais c’est toi qui l’a voulu, et c’est aussi une chance très grande d’avoir pu vivre ça.
Pour partir, je crois que d’abord l’envie et la détermination sont essentielles. A partir de là, rien ni personne ne t’empêchera de partir, c’est pas évident d’ailleurs... J’ai eu la chance d’avoir le soutien de ma famille... Je ne les remercierai jamais assez... J’en profite encore pour le faire ... MERCI. Ce soutien est primordial pour être bien là-bas. Il ne faut pas croire que les problèmes en France vont s’envoler avec la distance... Ils nous suivent, les problèmes... Partir pour fuir n’est pas une solution.
Ce qu’il faut ajouter aussi, c’est que je suis partie de manière un peu calculée quant à mon orientation professionnelle. En effet, je suis rentrée dans un IUT carrière sociale option animation, à Tours, et cette expérience m’a permis de rentrer dans cette école où la sélection est très importante. Et puis aussi, il faut le dire, je n’ai pas d’enfant, pas de mari, pas encore quoi ! Un jour, plus tard, ça m’aurait empêché de partir...
C’était mon premier grand voyage, mais ce ne sera certainement pas le dernier...
Marie
* Pour être exact, l’association AYNI a été créée en 1998. Il y a maintenant 7 ans que nous travaillons à Sucre.
Messages
1. Marie et 10 mois en Bolivie, 18 octobre 2012, 22:37, par Mathilde
Salut Marie,
Je suis en terminale, et j’ai récemment eu très envie de faire la même chose que toi. Partir loin et devenir volontaire au sein d’une association..
J’ai de la famille en Bolivie, à Sucre, Potosi et La Paz précisément, c’est ce qui a influencé le choix de ma destination. Je suis ravie d’être tombée sur ton article en recherchant des infos sur des associations pour mon futur projet. Et je pense me pencher vers l’AYNI du coup !
Tout ça pour dire que tu m’as donné encore plus envie de poursuivre cette envie, merci beaucoup.